Les mémoires de Simone de Beauvoir
Mémoires d'une jeune fille rangée, La force de l'âge, La force des choses
Deux choses importaient à Simone de Beauvoir : vivre et écrire. Il lui fallait vivre et découvrir le monde ; mais il lui fallait également laisser une trace indélébile de cette vie. A travers ses mémoires, Simone de Beauvoir réconcilie son besoin de vivre et d’écrire.
Je ne sais pas trop pourquoi je me suis décidée à lire les Mémoires d’une jeune fille rangée. Je ne
saurais même pas expliquer comment ce livre est arrivé sur ma bibliothèque.
Cela faisait probablement plusieurs années qu’il était planté là,
entre Beaudelaire et Beckett, à attendre d’être caressé, écorné,
gribouillé. Dans les Mémoires d’une jeune
fille rangée, Simone de Beauvoir raconte ses souvenirs d’enfance. J’ai été
particulièrement touchée par sa toute petite enfance, où très pieuse, elle
s’efforçait d’être une petite fille modèle. Puis, vint progressivement le
moment des doutes et l’absence de croyance. Ce que j’ai particulièrement
apprécié dans ce livre, c’est la façon dont elle peint extraordinairement bien
la société de son époque, et notamment la condition des femmes, à travers sa
mère mais surtout à travers Zaza.
Lire la suite de ses mémoires s’est donc imposé de façon
naturelle. J’avais envie d’en savoir plus sur cette femme, qui me semblait si
extraordinaire par la liberté dont elle faisait preuve. Les deux livres
suivants, La force de l’âge et La force des choses, ont un goût
différent, comme un goût de maturité. Ces deux livres sont extrêmement denses,
ils abordent bon nombre de sujets qui ont marqué la vie de Simone de Beauvoir.
Ceux qui m’ont le plus touchée sont certainement ses premiers pas en tant
qu’institutrice, sa relation amoureuse avec Sartre (et parallèlement celles avec
Claude Lanzmann et Nelson Algren), ses si nombreux voyages, son travail d’écrivain
et sa vision du roman.
En lisant ses mémoires, une interrogation m’est venue :
pourquoi son œuvre littéraire n’est-elle pas enseignée à l’école ? Auparavant,
Simone de Beauvoir était une philosophe pour moi, c’était une femme engagée,
symbole du féminisme. Ce n’était en aucun cas le grand écrivain qu’elle est
désormais à mes yeux. J’ai été d’autant plus étonnée de n’en avoir jamais
entendu parler lors de ma scolarité qu’elle aborde pourtant un thème
fondamental dans ses mémoires : le roman ! Maintenant, j’en veux
presque à mon professeur de lettres d’hypokhâgne de ne jamais nous avoir fait
lire et commenter ses textes…