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Les élucubrations de Fleur
1 mars 2010

Les contemplations - Victor Hugo

contemplationsL'éditeur Posésie/Gallimard ne présente pas de résumé de cette oeuvre. Il va donc falloir que je creuse ma petite tête pour essayer d'expliquer uniquement par moi-même ce que j'y ai vu à travers ma lecture. Les contemplations m'attendaient sur une de mes étagères depuis que j'ai passé mon bac. A l'époque, j'allais entrer en Hypokhâgne sans grande culture littéraire. Pour y remédier, une prof de lettres m'avait donné quelques idées de lectures pour mes grandes vacances, dans le but de préparer mon entrée en prépa. Finalement, cinq années plus tard, j'ai enfin décidé de m'y mettre. Il faut dire que c'est un gros pavé, qui a de quoi en décourager plus d'un!


En lisant Les contemplations, j'ai été plus réceptives à certains poèmes qu'à d'autres. Je n'ai pas particulièrement été touchée par les poèmes traitant de la foi, bien que j'arrive à imaginer qu'un croyant puisse les trouver assez beaux. J'ai réussi à m'accrocher à certains poèmes beaucoup trop longs à mon goût.


Par quoi ai-je donc été touchée en lisant ce recueil? Tout d'abord, il y a l'engagement politique et social de Victor Hugo à travers ses poèmes. J'ai particulièrement aimé "Mélancholia", dont le rythme lent et monotone m'a parfaitement fait ressentir le rythme du travail de l'enfant :

Mélancholia

[...]
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, il sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas!
Ils semblent dire à Dieu : "Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes!"
Ô servitude infâme imposée à l'enfant!
Rachitisme! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin!


Toujours dans ce souci de dénonciation de la pauvreté et de la misère humaine comme étant un crime public, j'ai beaucoup aimé "Chose vue un jour de Printemps", que je ne vais pas retranscrire en entier non plus, mais dont voici le début :


Chose vue un jour de Printemps

Entendant des sanglots, je poussai cette porte.

Les quatre enfants pleuraient et la mère était morte.
Tout dans ce lieu lugubre effrayait le regard.
Sur le grabat gisait le cadavre hagard ;
C'était déjà la tombe et déjà le fantôme.
Pas de feu ; le plafond laissait passer le chaume.
Les quatre enfants songeaient comme quatre vieillards.
On voyait, comme une aube à travers des brouillards,
Aux lèvres de la morte un sinistre sourire ;
Et l'aîné, qui n'avait que six ans, semblait dire :
"Regardez donc cette ombre où le sort nous a mis!"

Je m'arrête ici, mais la suite est encore plus touchante.

victor_hugo


La deuxième chose qui m'a particulièrement touchée en lisant Les contemplations, ce sont les poèmes traitant de la mort de sa fille Léopoldine. Hugo, pourtant croyant va jusqu'à demander des comptes à Dieu. Voici un des nombreux poèmes écris par Victor Hugo sur la mort de Léopoldine :


15 février 1843

Aime celui qui t'aime, et sois heureuse en lui.
- Adieu! - Sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre!
Va, mon enfant béni, d'une famille à l'autre.
Emporte le bonheur et laisse-nous l'ennui!
Ici, l'on te retient ; là-bas, on te désire.
Fille, épouse, ange, enfant, fais ton double devoir.
Donne-nous un regret, donne-leur un espoir,
Sors avec une larme! entre avec un sourire!
Un crime en cette chambre avait été commis.


En fait, Les contemplations est un très gros pavé à lire et pour ne pas se décourager, je conseille à ceux et celles qui veulent s'y mettre de le lire petit bout par petit bout. Au final, ça prend du temps. Moi, j'ai bien du mettre deux mois à le lire en en lisant quelques poèmes tous les soirs. Mais c'est également une façon très agréable de lire : c'est un peu de la dégustation...

Challenge_ABC2010

Lu dans le cadre du Challenge ABC

13/26

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Commentaires
Les élucubrations de Fleur
  • Voici mes élucubrations autour de mes découvertes littéraires. Mais, comme il n'y a pas que les livres dans la vie, il m'arrive de temps en temps de parler de tout ce qui a un lien avec la culture : cinéma, beauté, sorties culturelles et gustatives..
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