Le portrait de Mr W.H. - Oscar Wilde
Présentation de l'éditeur : "Qui se cache derrière les initiales W.H. dans la dédicace des célèbres Sonnets de William Shakespeare? Un généreux mécène, un ami imprimeur, un jeune et séduisant acteur ou Shakespeare lui-même? Pour Oscar Wilde, c'est sans aucun doute Willie Hugues, un acteur spécialisé dans les rôles féminins qui fascina le barde... Passionné par le mystère de Mr. W.H., Oscar Wilde se lance dans une enquête érudite et troublante sur le monde du théâtre élisabéthain."
Par hasard, le narrateur de ce récit discute un jour avec son ami Erskine des Sonnets de Shakespeare, et de l'identité du fameux Mr. W.H. Erskine avait un ami, Cyril Graham, qui s'était longuement penché sur l'étude de ces Sonnets, afin de découvrir la véritable identité de ce personnage secret. Ce qu'Erskine raconte à notre narrateur, c'est la thèse de Cyril Graham, à laquelle il ne croit pas : selon Cyril, Mr. W.H. serait un acteur ayant joué les rôles féminins des pièces de Shakespeare, dans sa troupe. Malheureusement, Cyril ne trouve aucun élément concret validant l'existence de cet acteur, Mr. Willie Hugues. Il décide alors de faire faire un faux portrait de cet acteur, afin de prouver à Erskine qu'il a bien existé. Mais, lorsque Erskine découvre la vérité, son ami Cyril se tue, pour sa théorie dit-il. En racontant cette histoire assez singulière à notre narrateur, il le convainc sans le vouloir à cette théorie...
J'ai trouvé que ce récit était parfois difficile à suivre car très érudit. Il faut vraiment bien connaître Shakespeare et ses Sonnets pour pouvoir prétendre comprendre ce roman en détail. L'écriture d'Oscar Wilde est un délice. Parfois, j'avais l'impression de lire de la poésie tellement sa prose était magnifique.
"Ces jeunes garçons avaient été les roseaux délicats grâce auxquels nos poètes avaient fait entendre leurs accords les plus doux, les coupes rituelles pleines de grâce dans lesquelles ils avaient versé le vin pourpre de leur chant." (page 81)
Malgré tout, c'est un roman à la portée de tous. J'ai surtout beaucoup aimé le dernier chapitre qui se focalise en partie sur l'oeuvre d'art et son récepteur et plus globalement sur l'art en général.
"L'Art, même l'art qui possède la portée la plus vaste et la vision la plus large, ne peut jamais nous montrer réellement le monde extérieur. Tout ce qu'il nous montre, c'est notre âme, le seul monde dont nous ayons vraiement conscience et connaissance. Et l'âme elle-même, l'âme de chacun d'entre nous, est pour chacun d'entre nous un mystère. Elle se cache dans l'ombre et songe, et notre conscience ne peut nous décrire son travail. La conscience, en effet, est totalement incapable d'expliquer le contenu d'une personnalité. C'est l'Art, et l'Art seul, qui nous révèle à nous-même." (p.123)
"Un recueil de sonnets publiés près de trois cents ans plus tôt, écrits d'une main morte en l'honneur d'un adolescent mort, m'avait soudain expliqué toute l'histoire du roman de mon âme." (p.127)
Lu dans le cadre du challenge English Classics