Emma - Jane Austen
Présentation de l'éditeur : "Emma est la plus française des héroïnes de Jane Austen (1775-1817), qui, à juste titre, craignait que personne ne puisse l'aimer. Elle est en effet aussi pu anglaise qu'une jeune fille intelligente, élégante, ironique et soucieuse des formes peut se permettre d'être. Emma aime l'intrigue et ignore la passion, elle est romanesque. Mais, à la différence de Mariane ou de Catherine, héroïnes respectives de Raison et sentiments et de Northangger Abbey, elle est romanesque intellectuellement et non émotivement. Et c'est en cela qu'elle est la rivale de son auteur." Ginevra Bompiani
Emma Woodhouse est une jeune femme de la bonne société anglaise. Elle vit avec son père, qui est toujours attristé par le départ de son autre fille, Isabelle, qui a fait un mariage d'amour avec Mr John Knightley et qui vit désormais loin de sa famille. Le roman commence avec le mariage de sa gouvernante Miss Taylor avec le veuf Mr Weston. Emma se réjouit de ce mariage, dont elle est à l'origine mais ne peut s'empêcher de pleurer la perte d'une amie. Très rapidement, elle s'ennuie dans sa demeure, avec pour seule compagnie que son père. Persuadée qu'elle a un don pour marier les gens, elle décide de trouver une femme à Mr Elton.
"- Ah, ma chère enfant, j'aimerais tant que vous ne fissiez pas tous ces mariages et toutes ces prédictions... ce que vous prévoyez fini toujours pas arriver. Je vous en prie, ne vous occupez plus de mariages.
- Je vous promets de ne point m'en occuper pour moi-même, Papa, mais il faut bien que je pense aux autres... C'est vraiment le jeu le plus drôle du monde! Et puis après un tel succès, vous savez!... Tout le monde disait que Mr Weston ne se remarierait jamais." (page 15)
Les premières pages du roman laissaient présager qu'Emma était une jeune fille comme les autres. On aurait ainsi pu s'attendre à ce qu'elle soit d'un aussi bon caractère que Jane Bennett :
"Emma Woodhouse, belle, intelligente, riche, dotée d'un heureux caractère et pourvue d'une très confortable demeure, semblait jouir des dons les plus précieux de l'existence." (page 7)
En réalité, on s'aperçoit rapidement qu'elle n'est rien qu'une enfant gâtée, égoïste et imbue d'elle-même. Bien qu'elle ait du respect pour les opinions d'autrui (je pense notamment à Mr Knightley, le frère de son beau-frère), elle ne laissera jamais ses premières impressions sur une personne subir l'influence de l'opinion d'autrui. Elle est persuadée d'avoir raison, d'être toujours dans son bon droit. Cela fait d'Emma une héroïne hors du commun, et bien qu'agaçante, très intéressante.
Après le départ de son ancienne amie (Miss Taylor), Emma fait la rencontre d'Harriet Smith, jeune fille de dix-sept ans élevée dans un pensionnat et sans famille. Toutes deux deviennent de grandes amies et Harriet, qui est très jeune et assez naïve, se laisse assez facilement influencer par Emma, qui souhaite la voir se marier avec Mr Elton. En effet, Emma ne semble pas le genre de femme à prendre du plaisir dans une amitié si elle n'a pas en tête un quelconque dessein à réaliser...
"Emma, elle, pourrait conseiller Harriet, elle l'aiderait à se perfectionner, elle l'arracherait à ses détestables relations et l'introduirait dans la bonne société. Elle façonnerait son esprit et ses manières. Ce serait là une tâche passionnante et qui témoignerait certainement de beaucoup d'amabilité. D'ailleurs, elle convenait parfaitement à sa position sociale, à son existence oisive et à ses compétences." (page 29)
Mais, Harriet est courtisée par Robert Martin, un fermier des environs, dont elle a fait la connaissance durant les vacances, ce qu'Emma ne voit pas d'un très bon oeil. Ainsi, lorsque Mr Martin lui laisse une lettre où il lui fait sa demande en mariage, Emma manipule Harriet de sorte qu'elle réponde défavorablement à sa demande, elle qui était pourtant prête à s'engager... Emma est en effet persuadée de pouvoir arranger un plus beau mariage pour Harriet : elle voit en Mr Elton un très bon parti et le croit d'ailleurs amoureux de son amie. Mais rapidement, Emma se rend compte que si Mr Elton est fou amoureux, ce n'est pas d'Harriet mais d'elle-même, ce qu'elle est loin d'approuver. Face à cet échec, Emma est mortifiée et s'en veut terriblement. En effet, même si elle a des défauts (son entêtement notamment), elle n'en reste pas moins très attachée à la notion d'amitié et au fond, elle ne souhaite que le bonheur de son entourage.
Mais c'est alors qu'arrivent deux nouvelles têtes dans le village : Jane Fairfax et Frank Churchill (le fils d'une vingtaine d'années de Mr Weston). Emma se lie d'une amitié profonde avec Frank Churchill : cette amitié lui est tellement chère qu'elle souhaite de tout son coeur que ce dernier ne soit point amoureux d'elle. Je dois dire que cette Emma est vraiment un personnage atypique : elle ne cherche absolument pas de futur époux et n'a aucun intérêt pour le mariage. Son intérêt est plutôt de développer des relations amicales profondes et d'essayer de rendre ses amis heureux. De tous les romans de Jane Austen que j'ai lus pour le moment, je trouve que c'est l'héroïne avec le plus de caractère, de détermination. Elle me semble être quelqu'un qui sait ce qu'elle veut et qui sait ce qui la rendra heureuse. Par ailleurs, c'est quelqu'un qui me semble avoir un esprit très fin et un certain sens d'analyse des situations et de la répartie. J'aime également m'imaginer que si elle ne peut s'empêcher de chercher à marier les femmes de son entourage, c'est parce qu'elle a besoin de s'inventer des romances imaginaires. C'est la raison pour laquelle tout au long du roman, je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer Jane Austen sous les traits d'Emma...
J'ai lu Emma dans le cadre d'une lecture commune avec June, Marie, Ellcrys et
Bénédicte.
Malheureusement, je n'ai pas pu beaucoup m'investir. J'aurais voulu plus
échanger avec les autres blogueuses, d'autant plus qu'il s'agit d'un
roman très riche. J'en suis désolée...il faudra refaire ça!! En tout cas, c'est très intéressant d'observer que Ellcrys n'a pas du tout le même avis que moi...
Référence
Emma, Jane Austen, éditions 10/18, collection Domaine étranger, 574 pages
Lu dans le cadre du challenge English Classics
Lu dans le cadre du challenge ABC 2010
15/26