Lili est une petite fille qui n’a jamais connu sa mère. Elle est donc élevée par son père, qui se remarie un jour. Elle a alors un frère et trois sœurs qui vivent avec elle. Sylvie Germain raconte des épisodes de l’enfance de Lili : une photo de sa mère, le bureau de son père, les contes du soir, etc. Elle place la narration dans la tête de Lili, si bien qu’on ne voit le monde que de son point de vue. Or, pour un enfant, le monde est très étroit et se limite souvent à sa propre personne : Lili découvre des sensations, se pose des questions existentielles... Il est donc difficile de connaître son entourage familial, amical, social. Le roman se lit presque comme de la poésie introspective.
Puis, Lili grandit et il en va de même de son univers ; le récit et les personnages s’enrichissent. La famille recomposée de Lili sombre petit à petit dans le malheur : décès, départs, sautes d’humeur, maladies, inceste, etc. Il m’a semblé que cela faisait beaucoup trop de drames accumulés au sein d’une même famille. L’histoire perd un peu en crédibilité. Pourtant, j’ai continué à la lire, j’avais envie de connaître le dénouement de cette histoire, de ce drame familial. Bien que cette famille ne connaisse que des drames, elle est attachante à sa façon, et elle est parfois émouvante.
Sylvie Germain raconte donc la vie d’une famille recomposée et déchirée par le deuil et la maladie. Le pendant de la vie de cette famille est la mort, constamment présente dans le roman, au point qu’elle en est presque le personnage principal. Sylvie Germain a réussi à écrire un roman plein de vie et de poésie, sur la mort. Quel beau paradoxe !
Référence
Sylvie Germain, Petites scènes capitales, édition Albin Michel, 247 pages
Sélection Roman de Janvier 2014