La petite communiste qui ne souriait jamais - Lola Lafon
Elle fut révélée au monde entier en 1976, lors des Jeux Olympiques de Montréal. Elle effectua aux barres et à la poutre des enchaînements qui lui valurent la note de 10, sous les yeux ébais du public. Pas une seule faute. Elle était la perfection incarnée.
Lola Lafon raconte l'histoire -romancée- de Nadia Comaneci, cette extraordinaire gymnaste roumaine. Elle avertit son lecteur qu'elle prendra des libertés vis-à-vis de Nadia, afin de combler ses silences, ses sous-entendus, tout ce qu'elle préfère taire. Au cours de son récit, elle introduit des extraits de ses échanges avec Nadia et montre la place que l'ancienne gymnaste tint dans la construction de son roman.
Elle fait débuter son histoire à son recrutement au sein du nouveau club de gylnastique de Bela. Elle raconte l'abnégation dont fit preuve Nadia pour en arriver à ce niveau : entrainements à répétition, douleurs physiques, sculpture du corps. Il n'y avait aucune place pour les sentiments, la bienveillance, l'enfance. Elle raconte le passage d'un corps d'enfant à un corps d'adulte dans un sport où le corps a une importance capitale : comment garder un corps d'enfant à tout prix, en refusant la puberté et un corps de femme.
Au-delà de la gymnastique, Lola Lafon dresse le portrait de la Roumanie des années 1980 : celui d'un pays pauvre, bridé politiquement mais où les habitants essaient de garder une certaine joie de vivre. Quelle place eut Nadia face au régime de Ceaucescu ? Pourquoi et comment s'est-elle enfuie du pays 3 semaines à peine avant la chute du régime totalitaire ? Bien que la thématique du corps soit très bien écrite, elle n'est pas le seul intérêt de ce roman, qui touche également à des questions politiques.
La petite communiste qui ne souriait jamais est un magnifique portrait de Nadia Comaneci et de la Roumanie de Ceaucescu. Ce fut pour moi un très grand coup de coeur!
Référence
Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais, édition Actes Sud, 318 pages