L'enfer de Church Street - Jake Hinkson
Geoffrey Webb s'est fait braquer au volant de sa voiture par un homme qui le menace de son pistolet. Il est donc contraint de suivre les ordres de son braqueur et de le conduire où il lui ordonne d'aller. Mais rapidement, le jeu de force s'inverse et Geoffrey menace son braqueur de causer un accident s'il ne le laisse pas conduire comme il le souhaite et s'il ne le laisse pas lui raconter son histoire.
Geoffrey se se lance dans la narration de son passé avec une certaine avidité. Il eut une enfance malheureuse mais fut "sauvé" par la découverte de l'Eglise, et comprit rapidement que son intérêt était de rester dans cette sphère protectrice. Il fit des études religieuses et commença à travailler comme aumônier pour un groupe de jeunes à Little Rock. Là, il se prend d'intérêt pour Angela, la fille de Frère Card, le pasteur de l'église.
"Alors, vous voyez, au départ, j'avais de bonnes intentions." (page 41)
Geoffrey ne cache pas son double jeu à son braqueur, et n'hésite pas à agrémenter son récit de commentaires sur la crédulité des membres de la paroisse. Les capacité de manipulation et de mensonge de l'aumônier sont en effet très développées. Il a une grande maîtrise de la communication et sait dire à ses paroissiens ce qu'ils veulent entendre. Il a rapidement su se faire apprécier par la plupart d'entre eux, en réussissant à comprendre facilement leurs préjugés et leurs intentions. Il apparaît aux yeux des paroissiens comme un homme humble, entièrement dévoué au service de dieu.
La première partie du récit de Geoffrey fait énormément monter le suspense puisqu'il prend un plaisir presque sadique à raconter comment il s'est servi de ses dons de manipulation au détriment de la paroisse, mais sans jamais expliquer dans quel but. C'est ce moment du roman qui m'a semblé être le plus captivant car j'attendais avec impatience l'élément déclencheur qui ferait tout basculer. Et c'est certainement parce que j'ai été autant capitvée par la première partie de son récit que je l'ai moins été par la suite. Je m'attendais à découvrir un personnage ayant commis des actions horribles par pur sadisme alors qu'il s'avère qu'il subit finalement les menaces de personnes externes à sa vie d'aumônier, ce qui l'amena à prendre des décisions exécrables.
J'aurais préféré que Jake Hinkson développe le côté malfaisant de Geoffrey afin qu'il soit entièrement responsable des actes qu'il commet par la suite, plutôt que d'en partager la responsabilité avec d'autres personnages aussi noirs que lui.
Référence
Jake Hinkson, L'enfer de Church Street, éditions Gallmeister, 236 pages