L'oiseau du bon dieu - James McBride
"Je suis né homme de couleur, surtout oubliez pas ça. Mais pendant dix-sept ans, j'ai vécu en me faisant passer pour une femme." (page 15)
Henry Shackleford est un jeune garçon noir vivant à Osawatomie au Kansas dans les années 1850. Alors qu'il se trouvait dans le commerce de son père, un barbier d'Osawatomie, John Brown débarque et libère Henry, qui appartenait à un propriétaire de la région. Son père étant tué par erreur dans l'action, John Brown décide de s'occuper d'Henry, qu'il prend pour une fille. Afin de se conformer à l'image que John Brown a de lui, il prend le nom d'Henrietta (mais est rapidement surnommé L'échalotte par tout le monde) et se fait passer pour une fille. L'échalotte suit alors John Brown dans toutes ses péripéties et vit la vie des soldats qui composent son armée d'abolitionnistes.
John Brown est un grand personnage historique américain que je ne connaissais absolument pas. Il est une figure emblématique de l'abolitionnisme et son histoire personnelle eut pour conséquence le déclenchement de la guerre de Sécession. C'est un illuminé religieux, persuadé que Dieu guide la moindre de ses actions et qu'il peut totalement s'en remettre à lui pour décider de la moindre opération militaire qu'il mène. Considérant que son combat pour l'abolitionnisme est juste et divin, il ne craint pas la mort, comme si elle ne pouvait pas le toucher.
L'immense réussite de ce roman est de raconter l'histoire de Brown du point de vue très naïf et jeune d'un garçon noir qui se fait passer pour une fille, L'échalotte. Cela donne une histoire extrêmement drôle, truculente et savoureuse. Brown apparaît ainsi à la fois comme un héros du fait de son engagement philosophique et militaire pour l'abolitionnisme mais il apparaît également comme un parfait fanatique religieux. James McBride réussit parfaitement à raconter la complexité de cet homme incroyable et il arrive à écrire cette histoire très sérieuse et triste avec énormément d'humour.
L'oiseau du bon dieu est également un roman d'aventure très riche puisque L'échalotte nous emmène avec lui dans toutes ses pérégrinations auprès de John Brown : les attaques militaires, les fuites, les tentatives de récolte de financements, etc. Il est donc extrêmement rare de s'ennuyer. J'espère que mon enthousiasme saura vous convaincre d'ouvrir cette pépite de la rentrée littéraire!
Référence
James McBride, L'oiseau du bon dieu, éditions Gallmeister, 438 pages