La septième fonction du langage - Laurent Binet
Et si Roland Barthes n'était pas mort accidentellement, renversé par une voiture, comme on le croit ? Et si cet accident était prémédité et servait à maquiller un meurtre ? Laurent Binet construit son roman autour d'une enquête policière qui a pour objet de découvrir la vérité derrière le décès brutal du grand sémiologue français Roland Barthes. Le commissaire Bayard, qui n'y connaît pourtant rien en philosophie ou en sémiologie (c'est peut-être la première fois qu'il entend ce mot) est chargé de l'enquête. Pour se faire aider dans ce monde abstrait de la sémiologie, il "embauche" Simon Herzog, un jeune doctorant de l'université de Vincennes. Il sera son "traducteur".
L'enquête les conduit dans le cercle très particulier des philosophes-sémiologues parisiens. Ils découvrent une société secrète tournée autour de la maîtrise du langage et sont amenés à voyager en Italie et aux Etats-Unis pour obtenir des témoignages sur la fameuse septième fonction du langage (celle performative) que Barthes aurait analysée et à cause de laquelle il serait mort.
L'idée de ce roman est brillante : repenser la mort accidentelle d'un grand philosophe français pour en faire une histoire d'espionnage, de rivalité politique et un thriller. Le roman démarre très vite, avec des considérations philosophiques pour introduire le lecteur dans ce monde bien particulier, mais aussi avec beaucoup d'humour. Le regard cynique de Bayard sur ces philosophes apporte une fraicheur et un recul bien nécessaires. Grâce à cela, le roman reste très vivant et dynamique malgré les théories sémiologiques qui auraient pu avoir tendance à noyer un lecteur peu amateur de sémiologie. A cela s'ajoute de l'action, des courses poursuites dans Paris, des coups de feu, quelques meurtres, et c'est presque parfait...
...jusqu'à la moitié du roman, où on commence à s'ennuyer de plus en plus, jusqu'à le trouver carrément chiant ! Je n'aime pas utiliser ce type de vocabulaire vulgaire et peu respectueux mais tout la seconde moitié du livre m'a tellement énervée que je me dois maintenant de me défouler. Laurent Binet oublie qu'il écrit -a priori- pour un lecteur et non pour lui uniquement (sinon, il ne fallait pas se faire publier) : il livre une foule de détails les plus insignifiants les uns que les autres, tombe dans une sorte de voyeurisme de l'élite intellectuelle sans aucun intérêt et oublie complètement que son roman est censé être une enquête policière.
Si je n'avais pas lu ce roman pour les Bibliomaniacs, je l'aurais abandonné dès la page 300, et sans aucun regret.
Référence
Laurent Binet, La septième fonction du langage, éditions Grasset, 495 pages