Il pleuvait des oiseaux - Jocelyne Saucier
Tom et Charlie sont deux vieillards qui vivent dans les bois canadiens en toute indépendance et liberté. Un jour, ils reçoivent la visite imprévue d'une photographe qui cherche un certain Boychuck, respacé des grands feux de 1916. Elle veut réaliser un reportage photo sur ces survivants des grands feux qui ravagèrent la région au début du XXème siècle.
Avec l'aide de hasard et de coïcidences, elle finit par réussir à entrer dans leur petit monde d'ermites par l'intermédiaire de Marie-Desneige, une octogénaire qui vit depuis peu avec eux. Elle vient de sortir d'un asile dans lequel elle a été placée lorsqu'elle était mineure et dans lequel elle passa presque toute sa vie. C'est en leur compagnie qu'elle apprend à vivre et à profiter de cette nouvelle vie.
Un jour, ils découvrent de très nombreuses toiles de peinture laissées par ce fameux Boychuck avant sa mort. La sensibilité de Marie-Desneige permettra à la jeune photographe de comprendre l'histoire qu'il voulut raconter à travers sa peinture, celle tragique des grands feux de 1916.
A la manière d'une tragédie grecque (j'ai beaucoup pensé à l'Antigone d'Anouilh en lisant certains passages), Jocelyne Saucier annonce son histoire comme quelque chose d'assez improbable mais qui s'est passé sans l'ombre d'un doute. Elle fait alterner dans son roman des effets d'annonce à la manière d'un teaser et des récits bien plus classiques. Dès le départ, il y a donc quelque chose de l'ordre du recul, presque de l'humour dans sa façon d'aborder et d'introduire ce qu'elle veut raconter à son lecteur. Cette originalité m'a beaucoup plu, d'autant plus que le récit en lui-même ne m'a pas tellement emballée au départ.
Un peu comme lors de ma lecture des Héritiers de la mine, j'ai trouvé qu'elle mettait beaucoup de temps à amener les rebondissements de son histoire. Cette caractéristique est très certainement due à l'importance qu'elle donne à l'atmosphère de son roman : cette forêt si mystérieuse, tout comme ces personnages des bois sont introduits avec lenteur, certainement dans le but de mieux installer le lecteur dans le récit.
Et finalement, alors que l'on commence à s'impatienter, Jocelyne Saucier ouvre son roman d'une très belle manière : la possibilité d'une nouvelle vie quand on croit qu'elle est finie et la découverte d'un passé tragique à travers un autre art que celui de l'écriture, la peinture. Comme dans les Héritiers de la mine, je me suis laissée surprendre par ce roman dont je n'attendais presque plus grand chose et dont j'ai beaucoup aimé l'humilité (quel sentiment étrange que celui d'un roman que l'on ressent comme humble!).
Référence
Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux, éditions Denoël, 203 pages