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Les élucubrations de Fleur
16 avril 2016

Le chant de la Tamassee - Ron Rash

9782021109849

Ruth Kowalsky, une jeune fille de 12 ans, se noie dans la Tamassee alors qu'elle pique-niquait avec sa famille au bord de la rivière. Elle voulait aller au milieu de la rivière afin de poser un pied dans chacun des deux Etats bordés par celle-ci. Elle est emportée par le courant, se blesse et finit emmenée au fond de l'eau où elle se noie bloquée sous une roche. La puissance du courant de la Tamassee empêche ses parents puis les secours de repêcher son corps. Son père décide alors de tout mettre en oeuvre pour qu'elle puisse être enterrée convenablement. Mais il est confronté aux défenseurs de la nature, qui font obstacle au déploiement d'un barrage amovible. La Tamassee est classée rivière sauvage et accorder une telle dérogation serait mettre la main dans un engrenage que nul ne saurait maîtriser par la suite. 

Maggie est envoyée par le journal pour lequel elle travaille afin de couvrir cette actualité en image. Elle est photographe et mettra des images sur les mots de son collègue Allen. Ils ont tous les deux été spécialement choisis pour couvrir cette actualité : Maggie est originaire du lieu même où l'accident s'est produit et Allen connut un drame personnel récent qui assure à la rédaction en chef une couverture plus "humaine" du sujet. 

Ce reportage oblige Maggie à renouer avec son passé. Elle sert de "guide" à Allen, lui décrypte la culture locale et l'histoire de cette petite région d'agriculteurs et de bûcherons qui perdirent de l'influence face à la montée de la politique environnementale, sous l'impulsion de Luke. Il milita pour que la rivière obtienne la protection du label "sauvage", empêchant ainsi toute intervention artificielle sur celle-ci et ses abords. Maggie connaît très bien tous les acteurs locaux et sert de "traducteur" pour le lecteur. 

La bataille entre les partisans environnementalistes et l'entourage de la famille Kowalsky aurait pu facilement tomber dans un traitement journalistique du sujet. C'était ma grande appréhension en ouvrant ce roman, considérant qu'il était très difficile de traiter une telle thématique de façon littéraire. Ron Rash réussit pourtant à le faire brillament, grâce à ses deux personnages principaux, Maggie et Allen. Les deux points de vue qui s'affrontent sont abordés à travers leurs expériences passées. Maggie, qui fut militante écologiste dans sa jeunesse et amoureuse de Luke, comprend nécessairement le point de vue des militants, tout en comprenant celui de leurs opposants puisque son propre père s'était opposé à Luke en tant qu'agriculteur. Allen, quant à lui, aborde la question de façon plus sensible puisqu'elle le ramène au drame familial qu'il vécut. 

Au-delà du sujet principal, Ron Rash ouvre d'autres lectures de son oeuvre. Maggie est confrontée à son passé, qu'elle ne peut éternellement fuir : son père est malade et est en train de décéder seul chez lui. Une dispute vieille de plusieurs années les a séparés et elle n'a plus eu l'envie de reconstruire une relation avec celui-ci. Son retour dans le village de son enfance l'amène nécessairement à se questionner sur ses décisions passées. 

Certains dénouements et certaines tournures m'ont semblés un peu trop simples car ils étaient non seulement prévisibles dès le début mais ils constituaient aussi de parfaits "clichés" : le couple de collègues qui part ensemble en déplacement sans se connaître, la jeune femme qui retourne sur les lieux de son enfance à l'occasion d'un déplacement, la confrontation avec un ex qui ne semble pas avoir évolué... Toutefois et étrangement, ces clichés ne m'ont absolument pas empêchée d'apprécier énormément le roman. Je l'ai dévoré, appréciant la façon dont la thématique générale était traitée mais également les histoires individuelles cachées derrière ce sujet politique. 

Le chant de la Tamassee est un très bon page-turner. Il est difficile de le refermer trop longtemps car on ressent un besoin de connaître le dénouement de cette bataille et aussi de découvrir le développement des relations qui se tissent, se renouent et se brisent au fur et à mesure de l'avancée de cette affaire.

 

Référence

Ron Rash, Le chant de la Tamassee, éditions Seuil, traduction d'Isabelle Reinharez, 232 pages

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Commentaires
F
Tiphanie : contente de voir que mon avis y a peut-être contribué :)
T
J'ai très envie de le lire aussi :)
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  • Voici mes élucubrations autour de mes découvertes littéraires. Mais, comme il n'y a pas que les livres dans la vie, il m'arrive de temps en temps de parler de tout ce qui a un lien avec la culture : cinéma, beauté, sorties culturelles et gustatives..
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