Le journal de Mary - Alexandra Echkenazi

A la fin des années 1950, Mary approche de la quarantaine. Elle a trois enfants et est femme au foyer. Elle est issue d'une grande famille américaine extrêmement riche et a épousé Cord par amour. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Cord a participé à la création de la CIA et depuis, il a gravi les échelons jusqu'à devenir un haut-gradé de l'Agence. Ils ont perdu le plus jeune de leurs enfants, renversé par une voiture.

Cette tragédie déclencha en Mary un souhait profond de changer de vie. Elle se sépare de Cord qu'elle n'aime ni ne supporte plus, déménage à Georgetown et s'occupe désormais d'elle-même : elle veut développer son talent de peintre, commence à travailler dans un centre artistique où elle se fait un nouveau cercle d'amis et tombe amoureuse de l'un des artistes.

Un nouveau voisin arrive dans le quartier de Mary : Jack Kennedy et sa femme Jackie. Mary l'a très bien connu dans sa jeunesse car il l'a beaucoup courtisée. Elle n'a toutefois jamais succombé à son charme. Jack ne l'a pas oubliée et souhaite à tout prix qu'elle devienne son amante. Mary le fuit, ce qui accroît son intérêt pour elle... 

Le journal de Mary était un roman très prometteur : sur un fond historique, Alexandra Echkenazi offre un roman qui mêle agents dirigeants de la CIA et histoire d'amour confidentielle de Kennedy. Dès le premier chapitre, on assiste à la scène d'assassinat de Mary. Puis, on lit son journal intime, espérant y découvrir les raisons de ce meurtre. C'est ce qui fait que j'ai réussi à aller jusqu'au bout du roman, malgré ses nombreux défauts.

Mon principal reproche à l'encontre du Journal de Mary est son manque de crédibilité :

- les dialogues sont très creux et souvent improbables. J'ai eu énormément de mal à croire de Kennedy parlait aussi mal et aussi vulgairement. Il en va de même des extraits de lettres que Jack aurait écrites à Mary : "Je ne cesse de repenser à cette nuit que nous avons passée ensemble et qui restera gravée à jamais dans ma mémoire (et dans ma queue)" (page 113). WTF ?

- le livre n'est pas écrit à la manière d'un journal intime alors qu'il prétend l'être et la seule chose qui fait de lui un journal est la présence d'une date et d'une ville en haut de chaque nouvelle partie. Par exemple, l'auteur d'un journal ne va pas jusqu'à rédiger des pans entiers de dialogues. Alexandra Echkenazi aurait pu se passer de cette caractéristique de journal intime et raconter cette histoire par un autre biais. 

- le roman est truffé d'épisodes historiques et de références culturelles pour faire croire à ce contexte américain des années 1950-1960. Or, ces références sont "lâchées" un peu au hasard du texte et ne créent en rien une ambiance ou un vrai contexte.

- tous les personnages sonnent faux et notamment Mary. Elle est censée être l'ex-femme d'un haut-gradé de la CIA, une ancienne journaliste politique et pourtant elle a une analyse de la situation politique peu développée et des qualités d'écritures réellement médiocres. Son personnage est d'autant peu crédible qu'Alexandra Echkenazi fait d'elle une source d'inspiration politique de Kennedy...!

Cette problématique générale de crédibilité est vraiment très gênante dans la lecture de ce roman mais elle est aussi décevante car Alexandra Echkenazi avait en main toutes les clefs pour écrire un très bon roman : guerre froide, politique, espionnage, passion amoureuse...

Référence

Alexandra Echkenazi, Le journal de Mary, éditions Belfond, 278 pages

Merci aux éditions Belfond pour cette découverte.

Comments

[fleurfleur]

Alex : n'est-ce pas...

[Alex-Mot-à-Mots]

C'était prometteur, en effet.

[fleurfleur]

Maggie : je comprends mieux pourquoi on n'a pas entendu parler de ce roman dans la blogosphère...

[maggie]

Je pass mon tour !