Wendy est une adolescente new-yorkaise de 13 ans. Elle vit entourée de sa mère Janet, de son beau-père Josh et de son demi-frère Louie. Avant que sa mère ne rencontre Josh, Janet et Wendy ont vécu de nombreuses années seules, dans une relation fusionnelle. Garrett, le père "biologique" de Wendy les a quittées lorsqu'elle était toute petite et depuis, elle ne l'a presque plus jamais revu.
Janet est une maman pleine de vie, enthousiaste, dynamique. Cette ancienne danseuse professionnelle, artiste dans l'âme, a dû se résigner à occuper un emploi de secrétaire pour subvenir à leurs besoins quand Wendy était petite. Josh est un beau-père aimant, ouvert et disponible pour Wendy. Lui aussi est un artiste puisqu'il est musicien professionnel.
La vie de cette petite famille moderne recomposée vole en éclat le 11 septembre 2001, le jour où les tours jumelles du World Trade Center s'effondrent. Ce jour là, Janet était au travail dans l'une des tours. Depuis, sa famille est sans aucune nouvelle. Janet fait partie des milliers de disparus du 11 septembre.
Joyce Maynard raconte les jours, les semaines et les mois qui ont suivi cette catastrophe humaine et familiale. A l'aide de nombreux flashbacks, elle raconte à la fois l'épreuve que cette famille doit traverser et l'histoire de chacun. Pour autant, Joyce Maynard ne parle jamais de deuil. Elle laisse ses personnages parler d'eux-mêmes en racontant leur quotidien de l'après catastrophe.
Tout ce que Wendy voit la ramène immanquablement à sa vie d'avant et lui rappelle les souvenirs partagés avec sa mère. Wendy puise dans les livres des comparaisons à sa situation. Personne dans son entourage scolaire et amical ne peut réellement comprendre ce qu'elle endure. Les romans et les récits sont comme des amis qui auraient vécu la même expérience et avec qui elle pourrait dialoguer. Wendy se réfugie dans l'imaginaire pour affronter cette réalité trop dure. Sur l'exemple de sa meilleure amie Amelia, elle enjolive les choses, transforme le réel quand ça l'arrange. Elle qui est était une adolescente "parfaite" (sérieuse, polie, rigoureuse), elle perd progressivement toute notion des règles qui constituaient son quotidien.
Bien que je n'arrive pas à me constituer un avis tranché sur ce roman, je trouve qu'il réussit parfaitement à raconter la vie d'une famille endeuillée et celle d'une adolescente. Même si je reproche à certains dialogues d'être parfois creux et de sonner faux, je leur reconnais une vraie utilité. Ces dialogues, tout comme le style de la narration, sont très simples (je regrette notamment que le vocabulaire et le style ne soient pas plus riches) mais permettent certainement d'apporter plus de réalisme à ce roman. On a vraiment la sensation de faire partie de cette famille et de comprendre totalement Wendy. La grande réussite des Règles d'usage est de nous rendre accessible la situation tragique de cette adolescente.
Toutefois, je n'ai pas été particulièrement emballée par cette lecture, pour les raisons que je viens d'évoquer mais aussi parce qu'un certain nombre de faits m'ont semblé trop peu vraisemblables. J'ai notamment eu du mal à croire aux rencontres fortuites faites par Wendy et à l'ampleur que celles-ci ont pu prendre aussi rapidement dans sa vie. Pour autant, je vous conseille vraiment de vous faire votre opinion sur ce roman qui mérite d'être lu et je prévois moi-même d'en découvrir d'autres de Joyce Maynard.
Référence
Joyce Maynard, Les règles d'usage, éditions Philippe Rey, traduction d'Isabelle D. Philippe, 480 pages