Une femme - Annie Ernaux
Présentation de l'éditeur : Annie Ernaux s'efforce ici de retrouver les différents visages et la vie de sa mère, morte le 7 avril 1986, au terme d'une maladie qui avait détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique. Elle, si active, si ouverte au monde. Quête de l'existence d'une femme, ouvrière, puis commerçante anxieuse de "tenir son rang" et d'apprendre. Mise au jour, aussi, de l'évolution et de l'ambivalence des sentiments d'une fille pour sa mère : amour, haine tendresse, culpabilité, et, pour finir, attachement viscéral à la vieille femme diminuée. "Je n'entendrai plus sa voix... J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue."
Alors que sa mère vient tout juste de mourir, Annie Ernaux ressent le besoin de raconter sa vie. La narration de la jeunesse de sa mère reste assez distante, comme froide. Plus on avance dans sa vie et plus les émotions grandissent, jusqu'à leur paroxysme, avec la maladie puis la mort. Je suis ainsi rentrée dans ce récit petit à petit, en ayant un sentiment de détachement au début, sentiment qui était certainement dû au fait qu'Annie Ernaux a commencé par raconter la jeunesse de sa mère qu'elle n'avait pas connue, n'étant pas encore née. Plus elle est impliquée dans sa vie et plus sa narration devient forte.
A travers l'histoire de sa mère, elle aborde quelques fois la sienne, avec la question très intéressante de son passage dans un monde social nouveau et extérieur à celui de sa mère. Ce qu'il y a aussi d'agréable dans ce court roman ce sont toutes les questions que se posent Annie Ernaux en tant qu'écrivain au fur et à mesure qu'elle écrit l'histoire de sa mère.
"Au début, je croyais que j'écrirais vite. En fait je passe beaucoup de temps à m'interroger sur l'ordre des choses à dire, le choix et l'agencement des mots, comme s'il existait un ordre idéal, seul capable de rendre une vérité concernant ma mère - mais je ne sais pas en quoi elle consiste - et rien d'autre ne compte pour moi, au moment où j'écris, que la découverte de cet ordre-là." (page 43-44)
Référence
Une femme, Annie Ernaux, édition Folio, collection 2Euros, 106 pages