La grammaire est une chanson douce - Erik Orsenna
C'est la fin de l'année scolaire. Deux enfants, Jeanne et Thomas, partent rejoindre leur mère qui vit de l'autre côté de l'Atlantique. Mais, le bateau dans lequel ils se trouvent est pris dans une tempête. Jeanne et Thomas se réveillent sur une île qu'ils ne connaissent pas et ne savent plus parler. Ils sont pris en charge par Monsieur Henri, qui leur apprend un peu tout ce qu'il faut savoir sur l'île. Il s'agit en réalité d'une île extraordinaire, où les mots sont libres : les habitants reconnaissent leur beauté et ils ne sont plus de simples outils de communication mais une fin en soi.
Aux côtés de Jeanne, on fait la découverte de cette île, dont les habitants peuvent faire du shopping dans des magasins où sont vendus des mots. On y rencontre également une très vieille dame, qui passe sa journée à lire les mots peu utilisés du dictionnaire : ainsi, elle leur donne vie et empêche qu'ils meurent à force de ne pas être utilisés. C'est une partie du roman que j'ai trouvée extrêmement poétique car le sujet est bel et bien la performativité du discours, mais jamais ce mot barbare par sa technicité n'est employé.
" - Les habitants s'étaient fait, comme vous, nettoyer tous leurs mots. Au lieu de venir chez nous les réapprendre, ils ont cru qu'ils pourraient vivre dans le silence. Ils n'ont plus rien nommé. Mettez-vous à la place des choses, de l'herbe, de des ananas, des chèvres... A force de n'être jamais appelées, elles sont devenues tristes, de plus en plus maigres, et puis elles sont mortes. Mortes, faute de preuves d'attention ; mortes, une à une, de désamour. Et les hommes et les femmes, qui avaient fait le choix du silence, sont morts à leur tour. Le soleil les a desséchés. Il n'est bientôt plus resté de chacun d'entre eux qu'une peau, mince et brune comme une feuille de papier d'emballage, que le vent, facilement, a emportée."
Ensuite, Jeanne fait la découverte du village dans lequel les mots vivent. Elle y apprend que les mots travaillent en groupes. Le travail de certains consiste à étiqueter les choses, ce sont les noms. Et ainsi, Jeanne réapprend la grammaire d'une façon douce, sans s'en rendre compte.
La grammaire est une chanson douce est un livre magnifique, très poétique, avec un côté naïf que j'ai beaucoup aimé. Il m'a beaucoup fait penser au Petit Prince. En plus, il est illustré par des images, ce qui peut le rendre d'autant plus attrayant pour des enfants. Toutefois, c'est un livre qui est également destiné aux adultes, un peu comme Le Petit Prince finalement...
Pour avoir un autre avis que le mien, allez chez Mélusine...
Référence
La grammaire est une chanson douce, Erik Orsenna, Livre de Poche
Lu dans le cadre du challenge ABC 2O10
14/26