Une chambre à soi - Virginia Woolf
Dans cet essai, Virginia Woolf tente de répondre à la question suivante : quel est le rapport entre les femmes et le roman ? Ou plus simplement, pourquoi les femmes ont-elles toujours moins écrit que les hommes dans l'histoire de la littérature ? Sa réponse à cette question est très simple : pour elle, un écrivain a besoin de deux choses pour écrire, une rente qui lui assure de quoi vivre (500 livres) ainsi que d'une chambre à soi (fermée à clef). Or, c'est précisément de ces deux choses là dont manquaient les femmes de son époque et des époques antérieures à celle de Virginia Woolf. A travers une série d'anectodes, elle montre que les femmes ne sont pas libres de circuler comme elles le souhaitent et ainsi d'éveiller leur imagination et de développer leur intellect.
J'ai énormément apprécié son style très direct et pamphlétaire. De ce point de vue, la parenthèse fictive sur l'histoire tragique de la soeur de Shakespeare m'a semblé très belle par son réalisme (je n'en dit pas plus, à vous de la lire). J'ai également beaucoup apprécié toutes les allusions à des auteurs qui j'apprécie beaucoup, comme Jane Austen, qui est une des rares femmes à avoir su écrire malgré la non possession de 500 livres de rentes et d'une chambre à soi.
"La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, et cela non seulement depuis deux cents ans, mais depuis le commencement des temps. Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n'ont donc pas eu la moindre chance de pouvoir écrire des poèmes. Voilà pourquoi j'ai tant insisté sur l'argent et sur une chambre à soi." (page 162)
En somme, je ne saurais que conseiller la lecture de ce magnifique essai à ceux et celles intéressés par la question de la condition de la femme et/ou du roman.
Référence
Une chambre à soi, Virginia Woolf, éditions 10/18, 171 pages
Lu dans le cadre du Challenge English Classics