Va et poste une sentinelle - Harper Lee
Jean-Louise approche de la trentaine. Elle vit et travaille à New-York dans les années 1950, et est originaire de l'Alabama où elle a passé toute son enfance. Apprenant que la santé de son père semble s'être détériorée, elle retourne à Maycomb. Cela faisait des années que Jean-Louise n'avait pas remis les pieds dans cette petite ville de campagne et son retour suscite plein de questions et de commérages de la part des habitants de Maycomb. L'image que donne Jean-Louise ne correspond pas à celle de la femme dans cet Etat très conservateur et patriarcal. Sa vie est bien trop libre et ses "excentricités" de femme libre ne sont pas du goût des femmes mariées de Maycomb.
Le retour de Jean-Louise est surtout source d'étonnement pour elle-même puisqu'elle ne retrouve pas Calpurnia, la bonne noire de son enfance. Celle-ci vit dans le quartier noir de Maycomb et n'exprime aucune émotion en voyant Jean-Louise. Cette dernière a beaucoup de mal à admettre à quel point les gens qu'elle a fréquentés dans son enfance ont pu changer, en premier lieu son propre père. Jean-Louise va de désillusions en désillusions...
Il m'est extrêmement difficile d'exprimer un avis sur ce roman, car lorsque je l'ai lu, je n'avais pas les bonnes informations le concernant. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un roman que j'ai adoré et que je considère comme un grand classique de la littérature américaine. Je ne pouvais donc pas passer à côté de Va et poste une sentinelle, qui est présenté comme la suite de ce classique. En tant que suite, je n'ai donc pu être que déçue. Non seulement je ne retrouvais ni l'humour et la naïveté de Scout (surnom de Jean-Louise), mais toute la sagesse de son père Atticus s'était envolée (et encore, c'est un euphémisme en comparaison avec l'homme qu'il est devenu...). Lisant Va et poste une sentinelle comme la suite de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, j'étais sidérée par les contradictions entre ces deux romans, sur des points parfois essentiels (le caractère d'Atticus et l'issue du procès). Je ne retrouvais pas non plus le niveau d'écriture du premier roman dans cette "suite", qui présente beaucoup de répétitions dans sa première partie, et démontre à mon sens que le livre n'a pas été suffisamment travaillé.
Mais ce roman n'est PAS la suite de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ! Quelques jours après l'avoir lu, Eva m'apprit qu'il s'agit en réalité d'un roman écrit avant Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et dont les éditeurs n'ont pas voulu. Au contraire, un éditeur lui a recommandé d'écrire un roman dont l'intrigue se déroule dans les années 1930. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est ainsi né. Pour autant, si j'avais su tout cela avant de lire Va et poste une sentinelle, l'aurais-je apprécié ? Ma lecture aurait certainement été moins agaçante mais je ne crois pas que je l'aurais aimé car il lui manque une vraie intrigue et une âme. Et malgré tout, je crois que je n'aurais pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.
Référence
Harper Lee, Va et poste une sentinelle, éditions Grasset
Merci à Grasset pour cette lecture.