Camille, mon envolée - Sophie Daull
"Ecrire, c'est te prolonger." (page 76)
Sophie Daull a perdu sa fille de 16 ans il y a un peu plus d'un an. Camille a été foudroyée en l'espace de quatre jours, alors qu'elle était en parfaite santé. Sophie Daull raconte ce cauchemar sur deux temporalités différentes : elle raconte à la fois la descente aux enfers de sa fille et sa propre descente aux enfers jusqu'à l'enterrement de Camille, et elle raconte ce projet d'écriture.
Cette double narration donne beaucoup de recul et de force au récit. Grâce à ce choix, Sophie Daull raconte la façon dont elle a vécu ce choc sur le coup, mais cette double narration lui permet également de prendre du recul, de donner beaucoup de distance et ainsi de ne pas sombrer dans le pathos.
Du début à la fin du livre, Sophie Daull parle à sa fille, lui dit "tu". Ce mode de narration rend la lecture très intime puisqu'on a le sentiment de lire une lettre d'une mère à sa fille. En lui disant "tu", Sophie Daull la ressuscite (ou la prolonge, comme elle le dit elle-même) : elle raconte l'intelligence de cette enfant et sa joie de vivre. Au-delà d'un récit sur la perte d'un enfant, ce livre raconte aussi la très belle histoire d'une relation mère-fille.
Certes, j'ai lu Camille, mon envolée avec le coeur gros (en réussissant toutefois à ne pas verser de larme). Mais il ne faut pas avoir d'appréhension pour ce livre car même s'il traite de la mort, il est surtout une magnifique ôde à la vie.
Référence
Sophie Daull, Camille, mon envolée, éditions Philippe Rey, 192 pages