Médée - Jean Anouilh
Antigone d'Anouilh est une pièce que je ne me lasse pas de lire et relire. Cette tragédie m'a toujours plue et je vois en Antigone une des héroïnes les plus fascinantes de la littérature. Mais je ne connaissais pas d'autre pièce d'Anouilh...
Médée a été contrainte de fuir son palais. Par amour pour Jason, elle a tué son frère. A Corinthe, elle apprend que Jason va se marier avec la fille de Créon et qu'il l'a donc abandonnée. Elle est désormais libre vis-à-vis de Jason. Mais elle est seule, malheureuse ; elle ne supporte pas la joie des autres. Elle devient haineuse. Elle veut se venger. Car pour elle, il n'existe pas de monde sans Jason.
Anouilh fait de Médée une grande femme : elle sait ce qu'elle veut et ne subit pas son destin. Médée est dans l'affrontement et n'hésite pas à critiquer Créon et à lui dire ce qu'elle pense de lui. Puis, Anouilh montre l'autre face du visage de Médée : elle est également une femme cruelle qui a follement aimé et qui se sent trahie.
Médée est une très belle pièce de théâtre sur l'amour, dans laquelle j'ai découvert de splendides passages :
"Et puis un soir, un soir qui ressemble pourtant à tous les autres, tu t'es endormie à table comme une petite fille, la tête contre moi. Et ce soir-là, où tu n'étais peut-être que fatiguée de la route trop longue, je me suis soudain senti chargé de toi. [...] Je t'ai défendue, Médée - contre rien d'ailleurs - toute cette nuit-là." (p.385-386)
"Le monde a alors pris sa forme. La forme que je croyais lui vouloir garder toujours. Le monde est devenu Médée." (p.386)
Lorsque Jason résume son histoire et son amour passé pour Médée, le texte se transforme en un poème réaliste et touchant de par la beauté qui émane de ces lignes.
Référence
Jean Anouilh, Médée, dans Nouvelles pièces noires, édition de La Table Ronde, 399 pages
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