Rêves oubliés - Léonor de Récondo
Aïta et Ama sont contraints de s'exiler avec leurs trois garçons, et toute leur famille (oncles et grands-parents). Ils sont basques d'Espagne, le récit de leur histoire commence en 1936 et les oncles sont des opposants à Franco. Ils quittent une vie bien ordonnée et une certaine prospérité pour se retrouver hébergés chez une connaissance à Hendaye. Là, ils ne sont plus ceux qu'ils étaient en Espagne, ils sont nostalgiques de leur pays et de leurs rêves d'alors. Ils sont devenus des exilés.
Leur histoire nous est racontée à double voix, avec celle d'un narrateur omniscient et celle d'Ama, qui se raconte dans un cahier. Les élipses narratives sont parfois longues de plusieurs mois, ce qui permet de parcourir la vie de ces exilés sur plusieurs années, de 1936 à 1949.
Léonor de Récondo décortique les doutes et les questionnements de ce couple et de leurs enfants face à une situation qui les dépasse et à laquelle ils ne peuvent rien. Alors qu'Aïta et Ama semblent résignés, leurs enfants font preuve d'une certaine capacité d'adaptation à ce nouveau pays et l'un d'entre eux part dans une quête pour comprendre la raison de leur exil.
J'ai beaucoup aimé retrouver les mots et le ton de Léonor de Récondo, que j'avais découverte avec Amours. Là encore, j'ai eu le sentiment de savourer une belle langue, dont les mots sont choisis avec finesse et soin. La lecture devient claire et limpide. La plus belle réussite de ce roman est sa capacité introspective ; l'auteure livre avec détail le ressenti de cette famille et la signification de l'exil.
Référence
Léonor de Récondo, Rêves oubliés, éditions Sabine Wespieser, 169 pages, 2012